Emmanuel Macron a adressé un courrier à Alpha Condé le 30 novembre 2020. Le Président français y a transmis tous ses vœux de succès à Alpha Condé qu’il a pourtant accusé la semaine dernière d’avoir usurpé le pouvoir. Le monde politique reste interloqué par ce rétropédalage incroyable.
C’est à y perdre définitivement son latin. Et à se demander ce qu’il se trame réellement dans le dos des Africains avec la banalisation des 3e mandats anticonstitutionnels. Et les adoubements alambiqués de la France sont des indicateurs des plus inquiétants pour les hérauts de l’alternance démocratique.
Les “vœux de succès” d’Emmanuel Macron à Alpha Condé sont aussi décapants que sa tentative tirée par les cheveux de justifier le 3e mandat d’Alassane Ouattara. Mais entre ce difficile exercice de funambule de Macron, il s’est passé une semaine. Et beaucoup d’eau a coulé…
Ainsi pendant que tous les politiques se demandaient comment Macron se regardait dans le miroir en se rasant, après avoir justifié le 3e mandat de Ouattara et cloué au pilori Condé, voilà que le président français en rajoute à la claudicante démarche de la diplomatie française: Des vœux de succès à Condé.
Même s’il essaie de jouer avec les mots, il est évident qu’il s’agit d’une lettre de félicitation déguisée, comme celle adressée à Ouattara. Qui a dû fuiter avant que Macron ne la reconnaisse officiellement.
“La relation entre nos deux pays, ancienne, est résolument inscrite dans un destin partagé. La France continuera à se tenir aux côtés du peuple guinéen pour le développement économique et social du pays“, écrit Macron dans sa lettre.
Disant être préoccupé par “les attentes du peuple guinéen et les défis auxquels votre pays fait face, qu’il s’agisse du redressement de la situation économique et sociale avec la crise sanitaire mondiale ou de la réconciliation entre tous les Guinéens, après les violences, les divisions et les interrogations qui ont émaillé ces élections“, Macron dit compter sur la “capacité” de Condé “à y répondre dans un esprit de dialogue, de consensus et dans le respect de l’Etat de droit sera essentielle”.
Selon Emmanuel Macron, “La Guinée doit poursuivre les réformes que vous avez entamées, en matière d’éducation, d’accès à l’énergie, de santé et de bonne gouvernance afin d’œuvrer au renforcement du capital humain du pays”.
C’est le même Emmanuel Macron qui disait le 20 novembre à propos de Condé, ceci: “Le président Condé a une carrière d’opposant qui aurait justifié qu’il organise de lui-même une bonne alternance. Et d’évidence, il a organisé un référendum et un changement de la Constitution uniquement pour pouvoir garder le pouvoir. C’est pour ça que je ne lui ai pas encore adressé de lettre de félicitations”.
Y’a-t-il eu de nouvelles élections en Guinée pour que Macron change de cap dix jours plus tard ? Condé a-t-il lâché du lest sur certains contrats ? Les quinquennats qui débutent en Guinée et en Côte d’Ivoire annoncent quelque chose de pas très catholique pour les opposants africains. Et pour les peuples surtout.
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